Les attaques subies par la Première ministre finlandaise Sanna Marin, depuis la révélation de sa participation à une soirée privée où on la voit danser sont révélatrices d’une action organisée, concertée sur le long terme pour décrédibiliser la jeune Première ministre ainsi que d’autres femmes ministres du gouvernement finlandais.
Rappelons que depuis décembre 2019, la coalition de cinq partis au pouvoir, a désigné à leur tête cinq femmes dont 4 ont moins de 35 ans, avec au gouvernail, Sanna Marin, 34 ans lorsqu’elle débute.
Elle est alors la plus jeune cheffe de gouvernement de l’histoire de la Finlande, la troisième femme du pays à accéder au poste de Première ministre, et la plus jeune Première ministre du monde.
Le développement et la multiplication des réseaux sociaux sont à de nombreux égards très positifs, toutefois, les réseaux sociaux, et internet en général, ont également un côté beaucoup plus sombre, que sont les cyberviolences et le cyber harcèlement, qui se caractérisent par des menaces et insultes de manière intentionnelle et répétitive.
Elles sont souvent le miroir, mais aussi le prolongement des violences que les femmes et les filles subissent dans l’espace public ou au sein de la sphère privée. Internet facilite et amplifie l’expression d’une culture sexiste et d’une domination masculine, qui s’inscrivent dans un continuum.
Certaines femmes qui en sont victimes ont peur pour elles-mêmes, ou pour leur famille, et beaucoup adoptent ou envisagent des comportements d’évitement et arrêtent d’exprimer leur opinion. C’est le cas de plusieurs femmes au sein du gouvernement finlandais également. Insultes, lynchages, dénigrements, menaces en ligne, internet est donc devenu, pour elles aussi un lieu d’insécurité. Ce qui ne manque pas de décourager les plus jeunes femmes tentées par l’expérience et l’engagement politique, selon Stratcom, le Centre d’excellence de communication stratégique de l’OTAN.
En Europe, 9 millions de femmes et filles dès l’âge de 15 ans ont subi une forme de violence en ligne.
De plus les cyberviolences ont ceci de particulier et d’aggravant que cela se passe souvent dans l’anonymat, avec une plus grande désinhibition, un sentiment d’impunité renforcé, une dissémination difficilement contrôlable des contenus, et le fait qu’il y a peu de répit pour les victimes.
Il faut donc légiférer contre les cyberviolences à tous les niveaux de pouvoir. Y compris au niveau européen, c’est ce que demande le CECIF aux parlementaires et dirigeant.e.s européen.ne.s. La nouvelle directive européenne contre les violences doit inclure cette forme de violence genrée afin de faire reculer les violences en ligne.
Le CECIF souligne également que dans nos démocraties s’amuser, écouter de la musique ou danser n’est pas incompatible avec des fonctions politiques. Que les extrémistes trouvent à y redire lorsqu’une femme libérée, jeune Première ministre, fait la fête dans sa vie privée sans enfreindre de lois, ne peut que renforcer notre conviction qu’il faut poursuivre la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour que toutes les femmes soient libres et égales.